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WILLY

grettez le coussin sur lequel tout à l’heure vous reposiez votre corps onduleux. Ah ! que je vous envie ! Vous coulez des jours tranquilles. Les chattes qui miaulent d’amour sur les gouttières voisines ne parviennent pas à vous émouvoir. Votre sexe s’est enfui jadis, et d’ailleurs vous n’êtes pas un chat pour gouttière. Vous mangez à des heures régulières des pâtées succulentes, et quand vous ne dormez pas, vous vous amusez avec des boules de papier. Vous ne savez pas ce qu’est un calembour, un leit-motiv, une intrigue, une chronique. Vous ne connaissez pas votre bonheur… Mais, voyons, regardez-moi, souriez, et donnez-moi un conseil. Qu’offrirai-je désormais en pâture à la foule de mes lecteurs ? Ai-je épuisé toutes les matières et tous les sujets ? Écrirai-je encore un roman, ou des fumisteries, ou un parallèle entre Wagner et d’Indy, ou des vers latins, ou chanterai-je en sonnets ronsardisants la beauté câlineuse de votre race ? »

Kiki-la-Doucette remua la queue et du coin de l’œil regarda son maître avec indifférence ;