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HUMOUR ET HUMORISTES

Félix Faure occupait alors la présidence de la République. Il jouissait d’une grande réputation d’honnêteté et n’avait en vue dans toutes ses actions que l’intérêt de l’État. La France cependant souffrait. Les politiciens, acharnés à la conquête des places et à la corruption des électeurs, se souciaient peu du pays. L’industrie et le commerce languissaient ; le socialisme menaçait la base même de la société, et, loin de trouver un stimulant dans la fébrile activité des Anglais, des Allemands et des Russes, nous nous laissions aller à un débilitant scepticisme. Toute énergie, toute initiative semblait morte dans notre belle patrie. Les temps que prédit Isaïe étaient venus, les temps où les mains des hommes devaient se souiller de sang et leurs doigts d’iniquités ; où leurs lèvres devaient proférer le mensonge et leur langue des paroles perverses.

Des scrupules naquirent en mon esprit, et des inquiétudes et des craintes. Je fis un retour sur moi-même et je m’attristai.

Je compris qu’il fallait cesser mes ironies ; car, si agréable qu’il soit de railler son pays et