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CHARLES MOUGEL

témoins imaginaires et des duels fictifs qui bouleversent de petites âmes craintives ; il ahurit anonymement des cafés-concerts, aux jours de revues, en intervenant dans le scandale traditionnel, affolant les cabots installés à l’orchestre et entamant des colloques inattendus et coqualânesques avec le compère ; en deux minutes, il enlève en douceur à de gros messieurs cossus et provinciaux les belles petites qu’ils promenaient avec pompe, en enjoignant à ces brunes ou blondes enfants, qui ne le connaissent d’ailleurs pas, de le suivre immédiatement, comme s’il était leur frère. Mais son triomphe est de mystifier discrètement les mystificateurs professionnels. Ravaut et Paul Masson furent de ses victimes.

Et cependant ce fumiste redoutable possède la barbe abondante et les yeux sentimentaux des grands garçons doux et tendres, et ces signes ne mentent pas. Son public en effet se restreint à lui-même : il ne cherche qu’à enrichir sa vie de joies que lui seul savoure. Il mystifie avec bonté.

Vous l’approchez, vous lui parlez, et tout de