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L’ENTERREMENT DE M. A. SILVESTRE

À travers les rues ensoleillées, le char s’en allait, suivi de commis-voyageurs ventrus, d’égoutiers peu lavés, de trottins anémiés, de collégiens aux yeux battus, et tous les pétomanes de France jouaient une marche sentimentale. Une voiture de la compagnie Richer pliait sous le poids des couronnes.

C’était aussi la vieille gaieté gauloise que l’on menait au champ du repos.

Et quand le cortège atteignit le Père-Lachaise, les mouchoirs s’imbibèrent de pleurs, des soupirs se mêlèrent à des sanglots, et M. Crozier, s’avançant vers la tombe, prononça au nom du gouvernement ces quelques mots :


« Maître,

« La mort, messieurs, ne cesse de frapper les chefs les plus fameux des lettres françaises : hier nous perdions M. Simon Boubée, avant-hier M. Xanrof, il y a trois jours M. Rameau ; c’est ajourd’hui M. Armand Silvestre qui disparaît.

« Il est mort par une journée de printemps semblable à celles qu’il aimait décrire. Rien