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HUMOUR ET HUMORISTES

berçait le vent, ombrageaient les murs lézardés ; des moineaux piailleurs sautaient sur les branches, et, quand revenait le printemps, les hirondelles regagnaient les nids construits au creux du toit. Une horloge doucement laissait tomber les heures. C’est là qu’élève indocile, caché derrière une pile de dictionnaires, vous écriviez, dès votre troisième, des vers qu’insérait le journal de Provins. Mais il fallut quitter le collège pour un lycée de Paris. Une fine moustache parait votre lèvre : la patrie bientôt vous réclama le paiement d’une dette sacrée. Vous avez alors, durant plusieurs années, vécu dans les casernes et j’ai ouï dire qu’en récompense de loyaux services vos bras s’y étaient ornés de galons larges et dorés. Un ministère hospitalier vous offrit à votre retour une table vêtue d’un drap vert, une chaise rembourrée, et la tiédeur d’un bureau paisible, où flottaient des fumées de cigarettes. Mais vous brûliez d’un désir fou de liberté. Les pierrots siffleurs, les feuilles vertes, les souffles chauds d’été et les brises alanguies d’automne, les pas légers des femmes et leurs