Page:Acker - Petites Confessions, sér1, éd3.djvu/245

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ne me rappelle plus très bien… Je présente à La Revue indépendante un article, et Félix Fenéon, qui la dirige, me le refuse sans barguigner. J’en présente encore avec le même succès à La Vogue. Je deviens membre d’un cercle de poètes, les « Zutistes », qu’avait fondé Charles Croze, et là on me sacre grand homme. Déjà ! et je n’avais pas le sou, je donnais des leçons, quelques jours même je fus employé dans une maison où l’on vendait du charbon, mais le patron me congédia en me prédisant d’autres destinées, prédiction qui, en attendant qu’elle se réalisât, me mit sur le pavé. Je récitais aussi des vers dans le sous-sol d’un café de la place Saint-Michel, c’était Goudeau qui présidait… La première fois que je montai sur l’estrade, on me hua… J’avais récité, sans m’en douter, des vers qui, parait-il, étaient inconvenants. Enfin, tout s’arrange, je me marie, je fonde avec Valette Le Mercure de France… Un matin, Marcel Schwob frappe à ma porte, j’étais au lit, je me lève, il me demande un conte pour le supplément de L’Echo de Paris, et je me vois encore, en chemise, fouillant en vain les tiroirs, puis obligé de promettre que j’écrirais une nouvelle tout de suite ; voilà comment j’entrai dans la presse.

Souple et nonchalant, un chat blanc, la queue en l’air, glissa par la porte de la chambre entr’ouverte, avança de quelques pas, leva son nez rose vers mes doigts qui se tendaient pour une caresse, puis, dédaigneux, se détourna et regagna l’asile un instant abandonné. Est-ce une comparaison trop