Page:Acker - Petites Confessions, sér1, éd3.djvu/42

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veau à la bataille, puis, les bras en croix, la tête haute, la voix exaspérée, illuminé, il concluait.

Après une pareille avalanche de démonstrations, les fidèles éprouvaient le besoin de se reposer, le P. Ollivier aussi. Quatre ou cinq minutes passèrent ; le P. Ollivier buvait à même un petit flacon rempli d’un liquide noir et s’épongeait le front. Il lui restait à développer son deuxième point : le mariage tel qu’il se fait aujourd’hui. Vous devinez que ce mariage-là n’est point de son goût : il le repousse, il l’exècre. Ne vous attendez plus aux fatigants raisonnements de tout à l’heure. Le temps de rappeler son principe : Le mariage ne peut être préparé ni accompli en dehors de Dieu, et le voilà qui s’indigne, s’irrite, s’emporte, à la fois violent et ironique, amer et bonhomme. Appuyé au rebord de la chaire, penché vers les fidèles, il interpelle les hommes, puis les femmes, bien plus il interpelle celui-ci, il interpelle celle-là : « Mais, n’est-ce pas, vous, Monsieur, qui me regardez, vous voulez que votre belle-fille apporte une belle dot, de belles relations, de belles parentés ; et vous, Madame, qui baissez la tête, vous voulez que votre gendre soit un fonctionnaire d’avenir, ou un tripoteur heureux, ou un député prêt à toutes les compromissions ? Dieu se moque bien que votre bru ait trois ou quatre domestiques, ou s’habille chez les grands couturiers, et il se moque bien aussi que votre fils soit protégé par des politiciens influents, ou sur le point d’être décoré. Il se