Page:Acker - Petites Confessions, sér2, Fontemoing.djvu/247

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dirent reconnaître personnages et situations. Ils rebaptisaient les héros, Rennequin, Lampessade, Catherine de Meyrieux ; authentiquaient des mots, retrouvaient des anecdotes. M. Abel Hermant se défendit du reproche qu’on lui adressait. Cependant, le prince de Sagan, à qui on voudrait plus d’intelligence, s’obstina à se juger dépeint dans le rôle du marquis de Bonnancourt. Un duel eut lieu. Je n’ai pu m’empêcher de rappeler à l’auteur de la Meute ces souvenirs qui remontent à peu près à dix années. D’un geste bref, il les a écartés, et, calme toujours, d’un ton détaché :

— Oh ! ne parlons pas de cette histoire, voulez-vous ? C’était stupide.

— Mais savez-vous, ai-je répondu, qu’on croit aussi de l’Esbroufe qu’elle est une pièce à clefs, et j’ai rencontré hier soir, chez des amis, une personne dont je vous tairai le nom, qui s’inquiétait fort de savoir quelle histoire vraie en était le sujet et quel homme, vivant ou mort, l’original de votre héros. On citait un nom qui fut célèbre sur le boulevard, une aventure éclatante et tragique comme il en faut une à Paris tous les dix ans.

Le même sourire fin et pincé revint sur ses lèvres, puis il se risqua à un petit rire amusé.

— Pas plus que la Meute, ou la Carrière, ou le Faubourg, l’Esbroufe n’est une pièce à clefs. Le personnage principal, que Tarride joue d’une admirable façon, est tout à la fois journaliste et homme d’affaires : c’est un esbroufeur et aussi un voleur