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TROISIÈME PARTIE


CHAPITRE PREMIER


— Je suis admis à faire ma cour !…

M. Hyacinthe, qui ne peut croire à son bonheur, se répète cette phrase. Il est à son pupitre, en classe. Avec un petit pistolet, un élève crible de plombs le tableau noir. Il ne le punit pas. Malgré le crépitement des balles, il pense :

— Je suis admis à faire ma cour !…

Chez lui, il s’habille. Avec des efforts surhumains, il essaie de mettre le bouton, qui maintient le faux col derrière son cou. La boutonnière est usée. Le faux col saute. Jadis il en aurait été crispé. À présent il sourit en murmurant :

— Je suis admis à faire ma cour !…

À table, sa bonne lui sert un potage, qui a accroché au fond de la casserole et qui a le goût de brûlé. Il y a seulement deux mois, il aurait repoussé l’assiette avec colère. Aujourd’hui, il mange ce potage sans protestations. Il se chuchote à lui-même :

— Je suis admis à faire ma cour !…

Et il se regarde dans toutes les glaces, dans toutes les vitrines qu’il rencontre. Et il se trouve presque beau…

Ses fiançailles ne sont pourtant pas encore officielles. Mais l’attrait pour lui n’en est que plus puissant. Il porte en son cœur un secret, dont il est fier. Il ne peut