Page:Adam (Lamber) – Païenne, 1883.djvu/104

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mené un jour. Interroge-toi ; et si quelque fugitif, quelque lointain désir d’y retourner t’effleure, arrête tes pas dans la voie d’un bonheur qui me conduirait à l’abîme, ne me redemande pas à moi-même, car je ne sais que me donner tout entière et à toujours.

Ne m’as-tu pas écrit : « Si je n’étais que peintre, à ce moment du tableau de notre amour, il faudrait l’achever, le terminer ? » Peut-être le devons-nous. Vouloir ne plus s’aimer, en plein amour, est plus noble, plus fier, vaut mieux, que cesser un jour de s’aimer. Le sacrifice héroïque m’effrayerait moins que la lente souffrance d’un sentiment qui s’use.

Lorsque nous nous serons tous deux redonnés l’un à l’autre, j’ai peur de te lire, de t’écrire, de trouver nos accents plus faibles, l’expression de notre passion amoindrie.