Page:Adam - L’Enfant d’Austerlitz (1901).djvu/375

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Anselme, tout l’idéal des jésuites, malgré les interruptions et les cris de fureur. Le poing du vieillard assommait la grande table. Son visage s’empourprait de flammes héroïques et furieuses. La poudre sautait de l’écritoire sur les missives ouvertes, en désordre ; et ses yeux glauques menaçaient l’espace du parc, la nature, la fatalité victorieuse de la ruse séculaire.

― Ah ! petit, tu tournes ! Toi aussi, tu écoutes les jésuites et les maîtres de la Krüdner, et tu crois aux rêveries de cette catin mystique qui nous a gâché notre Alexandre !

Omer souffrait toute cette douleur. Le Frère des Neuf-Sœurs que Buonaparte avait trahies verrait-il jamais le triomphe de sa foi ? Ce n’était plus qu’un octogénaire massif, blotti dans une robe de chambre à palmes jaunes et rouges, cet homme qui avait arrêté la fortune de Napoléon, conduit celle d’Alexandre à Paris ; ce n’était plus qu’un vieillard débile et monstrueux au fond de la bergère usée d’où il menaçait le destin des bourbons, en compulsant les pages de quelques vieux livres avec ses mains grelottantes et grises.