Page:Adam - L’Enfant d’Austerlitz (1901).djvu/437

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veur qui munit les saints d’énergie, de puissance et de félicité. La rigueur du père Anselme était une exception. Quel que fût son goût du plaisir, Omer commençait la réalisation de son espoir ancien, celui d’être, sous la chape épiscopale, un nouveau Moïse donnant au monde la loi, recevant son adoration. Il remercia Dieu. Il récita deux prières afin d’obtenir le salut du comte, qui favorisait ses débuts d’une façon aussi généreuse qu’extraordinaire. De cette conversation en voiture, Omer se répétait les termes. Ils l’enchantaient. Ils précisaient, justement, ce qu’il avait toujours conçu de la mission ecclésiastique : une manière de pouvoir politique propre à dominer les foules, à régir les instincts du peuple en l’intéressant aux belles histoires du Sauveur et des saints. Le bisaïeul lui avait appris autrefois que des initiés égyptiens, au fond du sanctuaire, commandaient les gestes du roi et, par lui, gouvernaient la multitude, ses croyances, ses enthousiasmes, ses labeurs. M. de Praxi-Blassans, ne jugeait pas différemment le rôle du prêtre. Il importait à peine de discuter le dogme, d’en douter, de le nier. Il suffisait de l’admettre ainsi qu’un symbole excellent de morale, de pitié et de fraternité chrétiennes. Par son entremise, reconnue souveraine sur les masses catholiques, il fallait conquérir l’autorité. Combien plus sûr cet avenir que celui de la révolte constamment vaincue dont les Lyrisse s’obstinaient à être les apôtres chétifs, un peu ridicules en somme : des chiens furieux qui mordaient inutilement du fer, selon le mot du général Augustin ! Et le jeune homme songeait au cadavre inerte de son père, terrassé par la mort ; il lui compara le victorieux Praxi-Blassans, triomphant parmi les luxes de son hôtel, prêt à partir pour Vérone. Là, par la bouche de Mathieu De Montmorency, il dicterait à l’Espagne le destin.

Aussi, quand les gentilshommes servants, celui qui traînait la jambe et le vieillard trotte-menu, vinrent