Page:Adam - L’Enfant d’Austerlitz (1901).djvu/524

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impassible. Elle semblait vouloir donner l’exemple d’un caractère irréductible, en dépit de convenances parfaites. La crispation fréquente des narines marquait seulement du dégoût. Son frère, contre l’attaque directe, regimba. Comment admettre que Denise se vantât de perpétuer l’énergie de leur père, dans l’heure même où elle méditait de forfaire au vœu du mort ? Cette impudence l’irrita. Il voulut formuler une réplique, mais craignit de précipiter le destin en indiquant avec précision le malheur qu’il attendait. Toutefois à l’engouement pour l’oncle Augustin il opposa les opinions des Lyrisse et du général Pithouët. La violence de leurs idées en sommeil renaissait au nom de cette guerre d’Espagne.

― Peut-être, ma sœur, si j’allais du côté que vous dites, ne serait-ce pas en deçà, mais au delà des Pyrénées, dans la région que notre grand-père Lyrisse et l’oncle Edme s’apprêtent à défendre.

Il admira son courage civique, qui les blâmait tous.

― Bien répondu ! ― marqua le général Augustin, avec un grand rire. ― À la bonne heure !

― Hélas ! mon pauvre ami, tu seras toujours avec les gens de peu, toi ! ― soupira Denise.

Cette parole cingla la fureur d’Omer :

― Enfin, ― cria-t-il, ― tu m’as écrit à maintes reprises que ton avenir dépendait de mon ordination… J’agis au mieux de tes projets. Il ne t’appartient pas de me proposer aujourd’hui les exemples de l’état militaire, puisque aussi bien que notre mère tu m’en as détourné… Vraiment, cela ne t’appartient pas !… À moins, ― ajouta-t-il en hésitant, ― que tu ne renonces aux projets d’autrefois… À moins que tu ne renonces à tout ce que désira notre père…

Ayant marché jusqu’à la robe rose, il s’arrêta, les mains étendues, tout vibrant de la peur que la mauvaise fille ne s’affranchît, tout épouvanté devant ce