Page:Adam - L’Enfant d’Austerlitz (1901).djvu/536

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ecclésiastique que son père lui pouvait offrir. Et, parce qu’Omer excusait Denise, certain qu’au fond il la regrettait, Édouard s’irrita :

― Ta sœur ne vaut pas la crosse et la mitre !… Il ne faut servir que Dieu, ne parlons plus d’elle. J’ai été fou, deux nuits. Ce matin, je suis fort.

L’était-il, vraiment ? Ils s’embrassèrent et s’entretinrent de théologie, en souffrant. Omer s’étonna : l’orgueil extrême du cousin le guérirait. Le dépit d’avoir été méconnu étoufferait les rancœurs de l’amour trahi. Édouard était plus fort que ses chagrins.

La comtesse était partie en poste pour sa terre de Blassans. Les jours furent occupés par les démarches précédant les noces. Il convenait d’obtenir les dispenses ecclésiastiques pour l’union entre parents. Denise accepta de rester en retraite chez les religieuses de Picpus jusqu’à l’heure de la cérémonie, qu’on célébrerait dans leur chapelle. Un soir, elle se dit souffrante, fit venir le médecin et sa mère qui sortit du cloître, sûre de la virginité de sa fille. Le docteur l’avait certifié : c’était une ruse que cet aveu de séduction totale. Avec les notaires, Denise discutait les termes du contrat d’après les messages reçus de Caroline. L’étudiant découvrit encore, sous les cachets des lettres qu’envoya Aloyse, deux boulettes diplomatiques. Il fut en dire le contenu au Père Ronsin, qui le reçut mieux. Entre temps, Omer ne quittait pas Édouard, ni Mme  Héricourt très malade. Le nom de la pécheresse, ils ne le prononçaient pas, mais ils s’éclairaient mutuellement, tous trois, sur ce qu’ils estimaient connaître des mystères religieux. Les deux jeunes gens souhaitaient encore d’établir le bonheur des hommes, avec le secours providentiel. Mme  Héricourt ne songeait plus qu’à éviter l’enfer… Elle décrivit des visions affreuses qui ne manquaient pas de l’assaillir, chaque nuit, pendant le sommeil.