Page:Adam - La Morale des sports.djvu/454

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Depuis longtemps des revues analogues à La Nature, sont fort lues. Dans les villes de province elles passent de main en main. On se les dispute au club et sur la table de la famille. Tout de suite un homme de bon sens apprécie l’importance d’une invention pratique. Il en aperçoit les corollaires. Il relie ce nouveau savoir à son savoir ancien. La création de l’ingénieur devient immédiatement visible et tangible. Les résultats sont quantifiés. Tandis que la création du littérateur n’agit qu’à longue échéance et de la façon indirecte. Il est délicat d’établir quels furent les résultats sociaux du romantisme et du naturalisme. Il est simple de calculer ce que l’usage des chemins de fer et du télégraphe valut au commerce. Sauf aux sociologues, le premier problème semble vain. Le second laisse entrevoir sa solution à tous dès qu’il est énoncé. La cause et l’effet sont perceptibles en même temps. L’opération intellectuelle s’accomplit plus vivement, et son succès demeure indiscutable. L’orgueil du chercheur se réjouit tout de suite.

Aussi l’appétit de science s’est prodigieusement répandu depuis vingt ans. Les programmes du baccalauréat et des écoles commerciales ou professionnelles ayant contraint la jeunesse à bien apprendre les éléments de l’algèbre, de la physique et de la chimie, de la mécanique, tout le monde se trouve mieux averti que jadis de ces choses. Autrefois l’instruction classique littéraire l’emportait de beaucoup sur l’instruction scientifique réduite à rien, ou presque, dans les classes. De là ce virement de curiosités. Aux heures de loisir, l’officier, le fonctionnaire, le magistrat, le médecin, le négociant s’occupèrent moins de lettres que de sciences. À vrai dire, si la per-