Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/400

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ties qui s’impriment sur des détails dont Flaubert, avec ses scrupules, doit être sûr, et je le lis en même temps avec la crainte de mal traduire cette admiration à George Sand. Jamais je n’aurais pu juger Salammbô si je n’avais connu le Midi et ses journées éblouissantes qui, seules, peuvent faire comprendre la vie africaine au dehors et le mystère de l’ombre dans les temples.

J’écrivis à Mme Sand mon émotion de nature, d’art, d’histoire. J’ai, toute mon enfance, préféré Carthage à Rome, que je haïssais, moi, gallo-grecque.

Mme Sand me répondit très vite qu’elle a « aimé ma lettre et l’a fait aimer à Flaubert ».

J’apprends par Mme Yilbort que Sarcey est « aux anges » du succès d’Augier, succès bien plus grand encore que les Effrontés. Cette conception du caractère de Giboyer, qui est un bandit et qui veut son fils honnête, est admirable, m’écrit Mme Vilbort. Sarcey — vous rappelez-vous notre journée à Neuilly ? — avait raison lorsqu’il disait qu’Augier ne faisait au théâtre que du théâtre. Ah ! il n’est pas tendre pour les « apostasies », par exemple, l’auteur du Fils de Giboyer, ni pour les audacieux cyniques, et encore moins pour ceux qui exploitent les réactions et se servent de la religion comme d’un instrument ! Un grand souffle libéral passe à travers la pièce, et cela ajoute à la béatitude de Sarcey, qui répète : « Carac-