Page:Adam - Souvenirs d’un musicien.djvu/128

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siens : aussi la musique ne fit-elle que bien peu de progrès dans cet espace de temps. Boileau disait un jour à Lully :

— Non-seulement vous êtes le premier, mais le seul musicien de notre siècle.

Quelques auteurs s’étaient cependant essayés sur des théâtres particuliers. Lalande et Marais avaient chacun fait représenter un opéra devant la cour, à Versailles, au grand chagrin de Lully, qui avait vainement tenté de s’y opposer. Un Opéra s’était établi à Marseille, un autre à Rouen, et on y avait joué des ouvrages composés par des musiciens du pays. À la mort de Lully, le théâtre fut quelque temps abandonné à de médiocres compositeurs, la plupart ses élèves, tels que Colasse, Louis et Jean-Louis Lully, Marais, Desmarests, Gervais, etc. Un seul homme de talent se fit remarquer : c’était Charpentier, qui s’était déjà fait connaître onze ans auparavant par la musique du Malade imaginaire. Ce musicien était un fort habile homme ; dans sa jeunesse, il avait été en Italie, où il avait étudié la composition sous Carissimi. De retour en France, il ne trouva aucun moyen de faire connaître ce qu’il était capable de faire, et il était déjà âgé de cinquante-neuf ans lorsqu’il donna son premier opéra, Médée, qui n’eut pas d’abord tout le succès qu’il obtint ensuite, parce que la musique en parut trop compliquée.

L’Opéra languit jusqu’à la venue de Campra, un des plus célèbres et des plus féconds musiciens français. Son premier ouvrage, l’Europe galante, fut un coup