alors qu’il pouvait retirer un bénéfice assez considérable de ses ouvrages, il affectait de dire que sa fierté l’empêchait de vivre d’autres secours que du salaire qu’il recevait de sa copie de musique, et il se livrait ostensiblement à cette seule occupation. Il y avait même mauvaise foi dans cet orgueil mal déguisé, car il convient dans ses Confessions qu’il était très-mauvais copiste : « Il faut avouer, dit-il, que j’ai choisi dans la suite le métier du monde auquel j’étais le moins propre. Non que ma note ne fût pas belle et que je ne copiasse fort nettement, mais l’ennui d’un long travail me donne des distractions si grandes que je passe plus de temps à gratter qu’à noter, et que si je n’apporte la plus grande attention à collationner et corriger mes parties, elles font toujours manquer l’exécution. »
Rousseau retourna, après ce voyage à Lyon, chez
Mme de Warens ; là il s’occupa encore de musique ;
bien plus, il voulut aborder la théorie et la composition.
Il se procura la Théorie de l’harmonie que Rameau
venait de publier. Il avoue qu’il n’y comprit
rien, ce que je crois sans peine, car l’ouvrage est fort
diffus et les principes n’en sont pas clairs. Puis on
organisa de petits concerts où Mme de Warens et le
père Caton chantaient, tandis qu’un maître à danser
et son fils jouaient du violon : un M. Canevas accompagnait
sur le violoncelle, et l’abbé Palais tenait le
clavecin ; c’était Rousseau qui dirigeait ces concerts,
avec le bâton de mesure. Malgré la dignité de chef
d’orchestre qu’on lui avait conférée, il ne paraît pas