Page:Adam - Souvenirs d’un musicien.djvu/318

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plus dramatique, une manière plus simple, telle enfin que le comportait le sujet ; mais ces qualités lui sont moins naturelles, et la réussite est moins complète.

Après tant de succès, Dalayrac était parvenu à se faire un nom déjà célèbre ; il avait entièrement renoncé à l’état militaire, ses ouvrages fréquemment représentés lui assuraient un revenu productif ; son rêve était un voyage dans sa famille : une triste circonstance lui en fournit l’occasion.

Son père mourut presque subitement au mois d’août 1790. Dalayrac s’empressa de partir pour Muret : il voulait porter à sa mère, qu’il adorait, les consolations dont son cœur avait besoin dans un moment si cruel. À peine arrivé dans sa famille, il apprend que son père, par un acte passé devant notaire un an avant sa mort, l’avait institué son légataire universel au détriment de son frère cadet. Il s’empressa de faire annuler ces dispositions, qui étaient cependant selon la coutume du pays. Fier d’avoir pu s’assurer une existence honorable par son seul travail, il était heureux d’augmenter la petite aisance de la famille, en renonçant aux avantages exceptionnels que son père voulait lui assurer. Ses travaux le rappelèrent à Paris : il fallut s’arracher encore une fois aux embrassements de sa mère. Son voyage de retour fut une suite de triomphes. À Nîmes, à Lyon, dans toutes les grandes villes, il reçut des ovations aux théâtres dont ses ouvrages faisaient la fortune.

De retour à Paris, il apprit la faillite de M. Savalette de Lange, chez qui il avait placé 40,000 francs, fruit