Page:Adelsward-Fersen - Et le feu s’éteignit sur la mer.djvu/119

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

celui-là, et enthousiaste, semblait entraîner les êtres vers la radieuse image dispensatrice d’oubli, musique des yeux. Et par un désir très ingénu, et une admiration très fervente, Gérard donnait à la divinité entrevue le profil athénien de Muriel…

Oh ! les minutes de fièvre et d’espoir, pendant lesquelles, la jeune fille là, le bonheur et l’orgueil avaient l’air de voleter silencieusement dans l’espace. Comme il avait confiance en elle et dans son art ! Quelles résolutions ! Quelle ardeur ! Et déjà il escomptait le succès obtenu, le bruit fait autour de son nom. On a bien le droit, après tout, de vouloir quelque chose à vingt-quatre ans ! Il ignorait les vers haineux :


N’aie pas pitié des autres si tu veux vivre
Si tu veux vaincre n’aie pas pitié de toi !


Gérard ne souhaitait qu’un peu de fierté pour son amoureuse. Il savait bien qu’on aime deux fois plus lorsqu’on peut être fier de son amour. D’ailleurs le jeune homme entrevoyait son œuvre définitive, sa création : l’actuelle Psyché.


… Sur des pensers nouveaux faisons des vers antiques…


Il rendrait dans la pierre dure ce mélange inquiétant de modernisme à outrance et de pureté tana-