Page:Adelsward-Fersen - Et le feu s’éteignit sur la mer.djvu/162

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couches de fard, et de couches de lard sous des couches de poudre. Cependant, Himmel, rageur, se démenait. Sans rien vouloir entendre, le sculpteur regardait maintenant Muriel. La tête hâlée de la jeune femme, rendue plus aristocratique encore, à cause du cou mince et du nez vénitien, un peu puéril, aux narines frémissantes, sa tête rappelait à s’y méprendre, ce soir-là, celle de la merveilleuse Callipyge de Palerme.

Le front grec, bas, et frangé d’admirables sourcils, des cheveux naturellement bouclés encadrant sa figure comme d’un diadème de raisins clairs, achevaient, malgré le quelconque du costume, par lui donner la beauté latine et fruste d’un berger de Virgile. Oui, c’est bien cela que Muriel évoquait, mais avec je ne sais quel mélange de teintes du nord : on eut dit une médaille antique frappée dans du métal rose.

— J’espère bien, monsieur Maleine, que c’est une blague…

— Quoi donc ? La question de Frau Himmel, lancée en fronde, le surprenait.

— Le comte Fabiano m’a dit ce matin que vous aviez été au dîner d’Hultmann.

— D’Éric Hultmann, le petit peintre qui demeure chez Tibère ?