Page:Adelsward-Fersen - Et le feu s’éteignit sur la mer.djvu/169

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Écoutez, Muriel. Voilà un an que je vous ai eue. Je vous ai donc tout sacrifié. Il faut maintenant que vous veniez. Il faut que tu viennes. À quoi t’exposerais-tu en rentrant ? Au mensonge, à la honte donc, à la haine…

— Pourtant… oh, pourtant…

— Allons, décidez-vous.

— Aie pitié…

— C’est par pitié donc que je te prends ! rossait-il. Qu’il était beau ainsi, malgré tout, avec ce clair de lune qui lui faisait un visage de marbre bleu. Pas un instant, l’idée de Gérard n’effleurait Muriel. Gérard l’ennuyait avec ses phrases d’artiste, ses airs de suppliant, ses réminiscences grecques, sa silhouette trop fine…

Au moins Serge était bâti en hercule, sentait le knout, savait parler, savait vouloir. Il dominait, battrait au besoin : c’était un pratique. Et puis ses yeux faisaient baisser les yeux ; oui ! il dominait… Elle reprit, déjà vaincue, dans un vertige : oh ! my God !

— Viens !

Elle essaya une ultime résistance…

— Prends garde, menaçait Minosoff. Si tu m’embêtes je te lâche. Et si je te lâche donc, tout se saura…