Page:Adelsward-Fersen - Et le feu s’éteignit sur la mer.djvu/22

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d’une pureté impeccable, d’autant que grand’mère Pauline se soignait beaucoup. On aurait cru, à la voir, quelque bébé momifié par les âges et à qui l’on n’ose plus offrir que le palais de la Belle au bois dormant…

C’était l’époque où Gérard sortait du collège, jeune homme mélancolique, déjà meurtri. Sa physionomie s’était affinée ; la bouche n’était plus trop grande dans la figure développée. Sous les sourcils bien fournis, les yeux bien que petits et trop rapprochés devenaient singulièrement expressifs. Et il avait cette expression nostalgique, si prenante chez les adolescents.

Le père Maleine qui, en plus de ses ballets et de ses opérettes jouées aussi bien aux Variétés qu’à l’Apollo de Londres ou au Madison square de New-York, venait d’être nommé chef d’orchestre à Covent garden avec des appointements royaux, décida qu’il emmènerait ses deux filles avec lui et que Gérard resterait à Paris pour étudier ce qu’il voudrait : — Comme je sais que tu n’en ficheras pas un clou, tu as le choix, mon garçon : Maquereau, homme d’affaires, cabot, académicien. N’y a que la gamme que je te défende. Assez d’un dans la maison !

Muni d’une pension plutôt maigre avec, depuis longtemps, le goût de la sculpture qu’il avait étu-