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APOTHÉOSE

raient lumineux à peine. Des cloches tintèrent et Jacques se souvint d’une histoire héroïque, des vieux temps, que jadis il avait lue, avant de connaître Venise : La Princesse endormie.

En Pologne, au pays des froids et des neiges, une vierge morte d’amour. Elle n’était ni vivante ni morte, tombée en léthargie éternelle, les joues teintées d’un sang pâli, comme par une rosée où luisait du soleil. On n’osa point la mettre en terre, elle restait si jolie et si fraîche ; et puis Dieu ne voulait pas la faire mourir encore. Alors le Roi son père eut une inspiration. Ayant en vain fait dire des prières et des messes par tout le royaume de Pologne, le royaume des froids et des neiges, il ordonna pour elle un cercueil de verre, étroit et clair, et qui à la lumière brillait comme de l’eau gelée. On la déposa sur le satin, presqu’en bière, vêtue de brocarts somptueux et lourds, ses petites mains toutes ciselées de bagues, le front casqué de ses cheveux d’or, diadémé de perles et d’hya-