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APOTHÉOSE

Jacques regarda une dernière fois la Vierge, la Vierge de Rizzo. Ses yeux malgré les larmes étaient radieux de félicité. En avril, à sa venue, il se rappelait avoir vu une femme prier ardemment cette Madone… mais elle pleurait de misère. D’une main, elle tenait droit un cierge, un pauvre cierge, que ses économies n’avaient pas pu acheter bien gros ni bien clair, de l’autre, avec un scapulaire, un bonnet de bébé, une relique. Jacques apprit par la suite que cette femme, veuve et sans personne, venait de perdre son dernier-né. Elle avait une résignation dans ses regards, une résignation dans ce geste avec lequel elle tendait à Notre-Dame ce qui lui demeurait du disparu… Notre-Dame des morts… oh Notre-Dame !

Aujourd’hui, la Vierge avait dû faire une bonne action nouvelle, intercéder pour l’âme légère, accueillir la supplication. Elle semblait, maigre ses pleurs, resplendir d’une immense félicité.

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