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LE LIVRE DE GOHA LE SIMPLE

Il prit un grand volume relié de maroquin noir.

— Voici, dit-il, l’ouvrage de Masléma sur les sortilèges et la magie. Je te l’ai descendu de ma bibliothèque afin de t’en lire certains passages. S’il t’intéresse de connaître en détail l’expérience dont je te parle, nous ne manquerons pas de trouver ici l’explication.

Alyçum vint se placer auprès de Cheik-el-Zaki et ils feuilletèrent le livre ensemble. En face d’eux, Goha était assis sur un divan. Pénétré des recommandations de Zeinab et de sa nourrice, il crut que la politesse l’obligeait à rompre le silence.

— Comment vas-tu, demanda-t-il à son hôte, j’espère que tu te portes bien ?

— El-Zaki lui adressa une parole courtoise. Puis il revint à Waddah-Alyçum :

— Voici la page. Elle est courte et instructive. « On plonge un homme dans une jarre pleine jusqu’au bord d’huile de sésame et on l’y tient quarante jours. Durant toute cette période on le nourrit exclusivement de figues et de noix, et quand les quarante jours sont passés toute sa chair a disparu et il ne subsiste de son corps que les veines et les sutures du crâne. On le retire alors de l’huile et, tandis qu’il se dessèche par l’action de l’air, il se trouve dans un état convenable pour répondre aux questions qu’on lui pose. Il dévoile l’issue réservée à certaines entreprises, prévoit l’échec ou le succès. »

Trois esclaves vinrent apporter des narghilés, des gâteaux, de la confiture et disposèrent le tout sur des guéridons.