Page:Ades - Josipovici - Mirbeau - Le Livre de Goha le Simple.djvu/15

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le lecteur, de même que la nature ne s’occupe point des hommes qui la contemplent. Comprenez ou ne comprenez pas. C’est l’Orient qui étincelle sous vos yeux, l’Orient avec ses odeurs de jasmins et de friture, avec ses femmes aux grosses croupes et ses fines vicieuses, avec ses belles brutes, ses souteneurs, ses imbéciles, ses intellectuels, ses mystiques… Au moyen d’un style simple, sévère, aussi pur que le style de Flaubert, les auteurs ont levé le voile pour nos regards occidentaux. L’Orient tout entier semble dire : « Voilà, c’est moi !… » Et si malgré ça, à cause de ça, à cause de cette vérité vous êtes aveugle, si, ne voyant pas, vous voulez qu’on vous explique, fermez le livre, les auteurs ne vous expliqueront rien. La vie ne s’explique pas, elle est, et Goha le Simple, c’est de la vie…


Au premier abord, cette vie paraît étrange. Elle peut même paraître séduisante par son étrangeté. Mais qu’on ne s’y trompe pas. Les personnages nous saisissent, non par ce qu’ils ont d’exceptionnel, mais par ce qu’ils ont de général. Certes, ils se distinguent de nous.