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XXII

la deuxième nuit


La nuit vint. Mahmoud, ses femmes, ses filles, ses esclaves se retirèrent dans leurs chambres. Quant à Goha, il eut une minute d’indécision. Il voulait monter sur la terrasse, mais il sentait qu’il devait le faire secrètement. Aussi feignit-il d’aller dormir, et cela sans l’intention de mystifier sa famille, rien que pour répondre à une suggestion intime. Sa ruse, qu’il ne destinait à personne, n’était qu’un mouvement de son âme portant en lui sa propre fin. Lorsque la maison fut bien silencieuse, il se leva, prit l’escalier et, sans bruit, déboucha sous le ciel clair.

Une femme vêtue de jaune lui fit signe. Il reconnut que c’était elle qu’il avait cherchée, tout le jour, dans son cœur. Souriant, il agita les bras au-dessus de sa tête. Il s’approcha de la balustrade et l’enjamba.