Page:Ades - Josipovici - Mirbeau - Le Livre de Goha le Simple.djvu/269

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Le génie souterrain aurait certainement tué le nouveau-né si l’on n’était entré au moment où il s’en approchait. Hawa s’arrêta pour songer à ce malheur.

— Elle était jolie, dit-elle, se parlant à elle-même, elle était jeune, elle était riche… Est-ce qu’on laisse une accouchée seule, avant le septième jour ? Et d’abord, tout le monde sait que les cheytans nous guettent…

Dans la chambre mortuaire, les femmes continuaient à se lamenter. Hawa hocha la tête.

— Elles ont raison ! murmura-t-elle. Les uns naissent, les autres meurent… Les uns sont jeunes, les autres sont vieux… Les uns sont tristes, les autres sont contents… Allah seul est grand…

Des hurlements interrompirent ses méditations.

— Ça, c’est la mère de celle qui n’est plus, dit-elle… Il n’y a qu’une mère pour se plaindre comme elle se plaint, pauvre pigeon…

Gagnée par l’émotion, elle s’apprêtait à crier, elle aussi, lorsqu’elle entendit sur la terrasse même des chuchotements mystérieux. Pour ne pas donner l’éveil en manifestant son désespoir, elle se déchira le corsage en signe de deuil, non sans s’être assurée qu’il lui serait facile de le réparer le lendemain.

Elle était maintenant libre de s’occuper de Goha. Afin d’inspecter le lieu sans être vue, elle se dissimula derrière un monceau de cages en osier. Elle ne tarda pas à découvrir sur la maison du Cheik, Goha et une femme dont elle n’apercevait que le dos et la nuque. Sans aucun doute, il la