Page:Ades - Josipovici - Mirbeau - Le Livre de Goha le Simple.djvu/284

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— Qu’est-ce qu’elle veut ?

— Je ne sais pas… Elle fait beaucoup de gestes.

— Elle n’a pas de mellaïa… Par Allah ! le portier voit ses cheveux !

— Alors, c’est une folle !

— Le portier la pousse dehors, il lève sa lanterne…

— Amina ! C’est Amina ! Amina, l’esclave de Nour-el-Eïn.

— Ne parlez pas !… Chut !… Écoutez !…

— Goha ! Elle demande Goha !

Goha s’était levé avec une agitation étrange.

— Reste où tu es, ordonna Hawa sur le ton farouche d’un chef de tribu nègre… Je vais aller lui parler, moi, à cette putain !

Elle ouvrit la porte d’un geste sûr, traversa la cour et, bombant le torse, se planta devant Amina, les poings sur les hanches.

— Que Dieu te bénisse ! dit Amina, est-ce que Goha, ton jeune maître, est ici ?

— Et d’abord, oui… Et d’abord, qui es-tu ? demanda Hawa.

— Tu me connais bien, Hawa, je suis Amina…

— Et d’abord, qu’est-ce que tu veux que ça me fasse que tu sois Amina ?

— Hawa, je t’en supplie… J’ai un mot à dire à Goha…

— Et d’abord, je ne sais pas si Goha est ici, répondit la négresse… Dis-moi le mot… Je ferai la commission…

— C’est impossible… Mon Dieu ! Mon Dieu ! balbutia Amina dont les lèvres tremblaient…