Page:Ades - Josipovici - Mirbeau - Le Livre de Goha le Simple.djvu/402

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voix se turent. Une jeune femme venait d’apparaître. Elle avait les cheveux et les yeux noirs ; sur ses chairs opulentes, flottait un voile bleu pailleté d’or qui fit songer Goha au ciel quand toutes les étoiles brillent. Elle s’arrêta à quelques pas de lui. Il la regardait en silence et son cœur battait à grands coups.

— Dis-lui une parole tendre, intervint l’entremetteuse, prends-la dans tes bras, mon enfant.

Mais Goha, intimidé, baissa les yeux. Nazli Hanem rougit et, à son tour, baissa les yeux. Warda s’impatienta.

— Eh bien, mes chéris, eh bien ! La vie est courte ! Approche, ma petite caille ; approche, mon gros canard…

Elle prit Nazli-Hanem et Goha par la main et les conduisit dans une chambre que dominaient un monumental lit de cuivre et un immense miroir de Venise. Tandis que l’entremetteuse fermait la porte, la jeune femme se jeta au cou de Goha qui la serra dans ses bras.

— Attends, ma fille, attends un peu ! s’écria la dallala… Allons d’abord nous asseoir sur le divan et causons de nos affaires. — Je serai brève, reprit-elle lorsque tous les trois se furent assis, mais encore faut-il que certaines choses soient réglées… Goha m’a promis une petite maison et deux sequins par mois. Il n’y a pas à revenir là-dessus… Maintenant, parlons du mariage… Il faut que j’organise la fête, que j’achète les écharpes et les mouchoirs de soie pour les invités…

— Nous en parlerons demain, ma tante…