Page:Adolphe Orain - Contes du Pays Gallo.djvu/312

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

hardes, parce qu’il n’y avait plus de pain à la maison, et ne conserva qu’une simple petite robe d’indienne, bien insuffisante pour la préserver du froid.

La vieille la remerciait avec effusion et lui répétait sans cesse : « Courage, courage, fille vaillante, un jour viendra où tu auras jupon et corset, ainsi que de la laine pour te faire des chausses[1]. »

Une nuit que Marie ne dormait pas, tourmentée par la crainte de ne plus pouvoir suffire aux besoins de son petit ménage, elle entendit la voix affaiblie de la malade l’appeler près d’elle. Elle courut au chevet de la vieille qui, rassemblant toutes ses forces, lui dit :

« Ma chère enfant, je sens que je vais mourir, mais avant de te quitter je veux te faire une confidence, et te récompenser de l’attachement que tu m’as toujours témoigné. Écoute-moi bien : j’aurais pu être riche si j’avais voulu ; mais j’ai préféré endurer la misère afin de racheter mes vieux péchés.

  1. Bas, chaussettes.