Page:Adolphe de Coston - Étymologies des noms de lieu de la Drôme.djvu/81

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domaine, maison, en b. l. (aida, château en l.), qui paraît avoir formé les mots basques olh, olha, cabane, bergerie, comme dans Olhagaraï, cabane du coteau, Olhaberry, cabane neuve, etc. Ces mots presque similaires, mais qui proviennent de la jonction de divers courants, rendent parfois incertaine la science étymologique. Cette isophonie existe, du reste, dans divers mots de la langue ; la phrase suivante, empruntée à Peignot, est le meilleur exemple à citer. « J’ai rencontré cinq capucins, sains de corps et d’esprit, qui ceints du cordon de saint François, portaient dans leur sein un blanc-seing du Saint-Père. »

Les noms de Saou, près de Crest, étaient Sauna dans le Ve siècle, Castrum de Saône ou Saonis du IXe au XVe siècle. En 890, Louis IV, fils de Boson, donna Saou à l’évêque de Valence ; dès le IXe siècle, dit M.  l’abbé Vincent, un château fut construit sur la crête d’un rocher, près d’une abbaye placée sous le vocable de Saint-Thiers. Dans le XIIIe siècle, le fief de Saou avait passé aux Poitiers, et dans le XVe au roi de France ; Louis de Blaïn l’acheta d’Henri IV pour le prix de 10,595 écus, et les La Tour-du-Pin-Montauban le possédaient en 1789.

Saou est bâti à l’extrémité inférieure d’une vallée traversée par la Vèbre : la forme latine du nom paraît empruntée à la même racine que saonen, vallée traversée par un cours d’eau, en br., et qu’on retrouve dans le nom de beaucoup de rivières : peut-être est-ce le cours d’eau qui a donné son nom à Saou, qui serait alors identique à celui de la Sone, sur les bords de l’Isère. Parmi les noms de rivières empruntés comme saonen au s. c. t., suna, cours d’eau (sua en irl. ; soon en finlandais), on peut citer la Saune, à Sassenage ; la Sonne, près de Salaise (Isère) et dans le canton de Fribourg ; la Sonnecke dans le Hainaut ; la Saane en Lyonnais, en Normandie et en Suisse ; la Seugne, affluent de la Charente (Sona et Seigna en l.) ; la Sone, affluent du Gange ; et les noms modernes de la Saone et de la Seine[1].

Valdrome, Vallis Dromæ en 1359, a appartenu aux comtes de

  1. Pott., p. 422 ; - Pictet, Origines, t. 1. p. 139 ; — L. de Bochat, Mémoires critiques sur la Suisse, t. III, p. 529.