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monter de tant de nègres ? J’avoue que cette objection est d’une certaine force, quand l’intérêt des particuliers ne devroit pas céder aux intérêts généraux ; mais il est aisé de détruire cette objection.

Les propriétaires ne seroient-ils pas plus heureux, si leurs terres n’étoient cultivées que par des mains libres ? Les productions alors n’en seroient-elles pas bien plus légitimes, et n’éprouveroient-ils pas une vraie jouissance, qui mettroit leur fortune bien plus en sûreté ?

Je ne vois pas qu’ils puissent souffrir par ce changement d’esclavage en liberté ; ce seroit évidement pour eux et pour la nation entière, un changement d’amélioration, établie sur l’ardeur et sur le point d’honneur de fertiliser une terre aussi riche ; mais où la tyrannie a jusqu’ici lié leurs bras. Ces nègres, devenus citoyens, deviendroient, par le nouvel ordre de choses, comme un boulevard inaccessible ; ils seroient bientôt les plus ardens et les plus vrais défenseurs de la patrie, de leurs délibérateurs, de leurs co-propriétés et de leurs biens personnels ; tandis que jusqu’à cette époque, ils ont été l’héritage innocent mais infortuné, du plus riche, pour ne pas dire du plus tyran des Colons, dont l’exemple a trop malheureusement été suivi, pour ne pas dire encore rafiné de nos jours.