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tique des trésors pour eux et pour le genre humain.

Ce qui doit encore, sages législateurs, vous déterminer à cet acte de justice, c’est que ceux qui sont sous le frein, tombent dans l’insouciance, pour ne pas dire que c’est leur héritage ; ce dégoût de tout leur fait oublier jusqu’au premier de leurs devoirs, ce qui fait qu’ils passent pour la plupart pour lâches et méchans, et qu’ils ne font rien que par force, et la force n’a jamais rien fait faire de bien. Ce qui se fait au contraire par amour, se remplit avec joie ; l’occupation est douce et bien plus intéressante.

Si au contraire on n’accorde point la liberté aux nègres, que feront-ils ? Ceux qui ont déjà pris les armes contre leurs tyrans, redoubleront d’ardeur, et cette guerre cruelle ne finira que par l’extinction de l’une ou l’autre race. Leurs maîtres ne peuvent se dissimuler que la crainte qu’ils ont inspirée à ces misérables ne leur donnera jamais l’amour de leurs captifs, et que vaincre ou mourir est une attention qu’ils auront plutôt que de rester ce qu’ils étoient.

Le salut enfin des colonies dépend de votre prévoyance, sages législateurs ; c’est ce qui s’opérera nécessairement par la