Page:Adrienne Durville, Carnet de guerre 1914-1918 n°1.pdf/37

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Mme de Marthille est souffrante ; Mme des L. va prendre de ses nouvelles, pendant que je monte la garde. Nous ne pouvons pas nous absenter toutes deux ensemble.

4 heures. J’apprends que les 5 canons pris aux Allemands sont sur une place de Belfort ; je n’y tiens plus, et puisque c’est l’heure où nous pouvons être un peu tranquilles, je vais les voir avec Mme Ihler. On les a rangés autour de la statue « Quand même » de Mercié. Ce voisinage les rend symboliques et cela vous prend le cœur. Les prisonniers continuent à arriver en masse, et l’on attend de nouveaux canons.

7 heures. Arrivage de malades ; nous laissons notre dîner commencé pour les recevoir ; rien de grave ; tous ces pauvres gens sont fourbus, surmenés, arrivés au dernier degré de l’épuisement physique. Ils viennent de Mulhouse et nous racontent des horreurs dont ils ont été les témoins, blessés achevés à coups de crosses, et bien d’autres qu’ils ne veulent nous répéter ; une pourtant : un blessé français recueilli dans une maison alsacienne a été repris par les Allemands qui l’ont traîné dans un bois voisin et l’ont cloué par la gorge avec sa baïonnette contre le tronc d’un arbre !

Chaque jour qui passe amène un