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Jeudi 13 août

5 heures ½. Ma nuit a fini par passer ; je l’ai trouvée un peu longue et je me suis engourdie dans mon fauteuil entre 4 et 5 h.

J’ai surveillé mes soldats qui dormaient mal. J’avais un peu envie de rire de me voir rôder au milieu de tous ces troupiers endormis.

Je suis allée réveiller Mme des L. et ai donné tous les médicaments prescrits ; puis je suis allée me rhabiller et faire ma toilette, ce qui m’a bien reposée.

Le major passe tous les matins pour voir les hommes qui peuvent partir ; il nous en a enlevé trois ; j’en regrette un, qui était fort souffrant et surtout très démoralisé et qui aurait eu grand besoin de plusieurs jours de tranquillité pour se remonter. Il avait eu sur lui un grand morceau de manteau d’un cavalier prussien prisonnier et il m’en a donné un petit bout ; j’en suis bien contente. Nos autres malades partiront sans doute demain ; l’un d’eux est victime d’une canaillerie allemande ; en Alsace, parmi les habitants, il y a autant d’Allemands immigrés que d’Alsaciens véritables, et nos pauvres soldats ont déjà plusieurs fois manqué d’être empoisonnés par ces habitants qu’ils distinguent mal des autres et qui leur offrent vin ou friandises. On a pu arrêter ainsi un individu qui avait préparé des victuailles pour les Français ; le soldat que nous avons ici a accepté ainsi un pain dont il a mangé une certaine quantité et il a bien manqué y rester ; le pain qui lui reste est