Page:Adrienne Durville, Carnet de guerre 1914-1918 n°1.pdf/24

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complètement décomposé à l’intérieur.

Il fait un temps splendide et nous avons installé dans le jardin ceux qui peuvent se lever ; ils sont déjà plus gais qu’hier.

Depuis 5 heures du matin, le canon n’arrête pas.

4 heures. Un officier se présente, le lt Delorme du 5e Rgt d’artillerie ; il arrive du combat et est trop souffrant pour continuer ; on l’envoie se reposer 8 jours avant de retourner au feu. Pendant que Mme des L. envoie à l’hôp. militaire chercher les renseignements dont il a besoin, il nous donne des détails sur les combats de ces jours derniers. Voilà 5 jours qu’il ne s’est pas déshabillé et qu’il n’a pu dormir que quelques heures sur le bord de la route ; il est à bout de forces et ne demande qu’un lit ; naturellement, nous lui disons de rester ici, mais comme il est désigné pour l’hôpital divisionnaire il faut qu’il y aille.

L’entrée à Mulhouse s’est faite sans aucune difficulté, les Allemands s’étaient retirés dans la forêt du Hart où 3 corps d’armée étaient cachés. Nos pauvres soldats ont vu tomber sur eux ces milliers d’ennemis et il y a eu pendant quelques heures un désordre effroyable, presque la déroute. Puis on s’est ressaisi et devant la supériorité en nombre des ennemis on a battu en retraite jusqu’à la frontière. Cette retraite s’est faite sans beaucoup de pertes. De l’avis général, les obus allemands ne valent rien, ils éclatent trop haut et ne blessent personne, tandis que les nôtres font des ravages