Page:Adrienne Durville, Carnet de guerre 1914-1918 n°2.pdf/21

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

écrit qu’elle lui dirait de venir me voir, s’il le pouvait, mais je ne l’attendais pas aussi tôt. Quel plaisir cela m’a fait, et lui même paraissait tout heureux de me retrouver. Nous avons bavardé de tout et de tous, échangeant nos nouvelles des uns et des autres. Il me parle de Nancy qui conserve sa physionomie habituelle malgré le canon qui ne cesse pas de se faire entendre depuis plus d’un mois ; des villages détruits et ravagés par les Allemands, de la débâcle de Mohrange, de Mulhouse, de Charleroi, de la fameuse poudre Turpin que le public ignore, mais dont on parle ici depuis si longtemps. Il paraît que les Anglais ne voulaient d’abord pas s’en servir, mais qu’après le bombardement par un Zeppelin du palais royal d’Anvers, ils ont été les premiers à la réclamer ; les effets sont bien ceux que l’on m’avait dit : asphyxie foudroyante ; les ravages ont été effroyables autour de Nancy où les Allemands ont eu des morts en quantité. D’ailleurs, cette guerre est une boucherie, de part et d’autre ; que de deuils et de ruines de tous les côtés.

Il compte que la naissance du bébé