Page:Adrienne Durville, Carnet de guerre 1914-1918 n°2.pdf/6

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ce soir, elle aura peut-être un drame.

Reçu lettre de Clémence qui répond à la mienne ; elle est à Soisy, et bien effrayée ; le beau-fils de sa nièce, lieutenant d’artillerie, a été grièvement blessé à Dinant.

Lettre d’Anna : aucune nouvelle de Paul depuis le 29. Louis est à Tours ; je vais lui écrire d’aller voir M. Boulangé.

Visite de M. R. et du lieutenant W.

Intéressantes nouvelles militaires : 1o le Gal Pau reforme une armée du côté de Lyon et qui doit venir à Belfort pour traverser l’Alsace avec Mayence comme objectif. 2o Deux corps d’armée, le 8e et le 14e, se sont embarqués à St Nazaire pour destination inconnue, probablement Anvers. 3o Nous avons ici plus de 80 000 hommes dont 8 000 turcos[1]. 4o On envoie toutes les nuits un bataillon en Alsace pour harceler, fatiguer et effrayer les Allemands ; après une petite escarmouche, notre bataillon rentre et est remplacé le lendemain par un autre ; cela a un double avantage ; cela fatigue les ennemis en les tenant toujours sur le qui-vive, puis ils s’habituent à des combats peu importants jusqu’au moment où une grosse masse tombera

  1. Les tirailleurs algériens, appelés aussi Turcos, étaient des unités d’infanterie appartenant à l’Armée d’Afrique qui dépendait de l’armée de terre française. Ces unités à recrutement majoritairement indigène (70-90% selon les époques) venues d’Algérie française ont existé de 1842 à 1964 ; NdÉ.