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Jeudi 24 décembre

Veille de Noël, nous trimons toute la journée ; Renée fait des courses, moi je m’occupe de l’arbre, il est fort joli et extrêmement garni d’objets d’un ruban tricolore, mais quel travail et quelle fatigue.

Après dîner, je m’étends un peu avant la messe de minuit qui a lieu à St Vincent. Nous y emmenons 16 malades dont 11 vont communier.

Nous trouvons chez Julie Mme de St M. et son cousin. La messe est simple, mais les chants ne sont pas trop mauvais. Tous nos hommes sont très recueillis ; quant à M. de B., il est d’une piété impressionnante. Nous rentrons vite pour servir à nos soldats des gâteaux et du vin chaud, puis nous retournons réveillonner chez Julie ; le pauvre M. de St M. n’est pas revenu d’Alsace. Notre réveillon est gai, mais d’une gaieté un peu forcée ; nous pensons tous à nos familles et nous éprouvons le besoin de nous serrer les uns contre les autres. Au moment de nous séparer, M. de B. nous fait ses adieux ; il part demain pour l’Alsace avec une mission du plus grand danger, il est possible qu’il n’en revienne pas ; il nous demande de penser à lui de midi à quatre heures. Tout cela dit avec une telle simplicité que nous en sommes bouleversées ; il demande à Renée de l’embrasser comme elle a embrassé