Page:Adrienne Durville, Carnet de guerre 1914-1918 n°3.pdf/61

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bataille de Soissons d’une balle qui lui a cassé le bras ; il va mieux, mais aura besoin d’une longue convalescence.

Lundi 8 février

Courses au B. M. ; je téléphone aux Peupliers, mais on refuse de me recevoir. Je soupçonne fort Mlle Lopez et sa bande de nous avoir desservies toutes les trois auprès de Mlle Génin.

Après déjeuner, je vais à Noisy-le-Sec voir Louis. Quelques nouvelles militaires intéressantes quoique tristes : le système d’espionnage allemand est énorme et il y a des traîtres même parmi les français ce qui est horrible ; Joffre s’apercevait de fuites dans son entourage immédiat et a pu pincer un de ses officiers, d’origine allemande venu en France à l’âge de 8 ans, ayant passé par Polytechnique et l’école de guerre ; j’ai cru comprendre que c’était un juif, ce qui n’a rien d’étonnant ; l’affaire Dreyfus aurait pourtant dû servir de leçon. Ce misérable a été fusillé, ainsi que le chef de gare de Reims qui trahissait également. La trahison toujours, d’un gros bonnet de la Cie du Nord a fait manquer la capture du Kronprinz et d’une partie de son armée, 300 trains étaient garés à Noisy-le-Sec pour ramener les