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Lundi 4 juin

Nuit de bombardement effroyable[1] ; depuis le début de la guerre, nous n’en avons pas eu de pareille. Les bombes pleuvent autour de nous, cela n’arrête pas, les éclats tombent sur notre toit. Nous n’avons heureusement rien et personne ne s’affole.

Trois infirmiers sont tués, une quinzaine de blessés que l’on opère tout de suite ; quelques chirurgiens ont la frousse à la grande honte de leurs camarades, Chaudoye est très chic et remonte dans l’estime de tous.

Mlle B-F. part avec la chanoinesse qui emmène sa nièce, puis arrive l’ordre officiel d’évacuer tous les blessés de l’hôpital et de mettre en congé les deux tiers des infirmières, n’en laissant ici que 12.

Nous préparons le départ de nos blessés. Sous prétexte de conduire les officiers, le chirurgien A. se sauve par le train. R. B. demande une permission, tout le monde est indigné de ce lâchage.

Quatre infirmières de l’équipe B-F. partent ; les autres suivront demain.

Chevassu revient de permission, ahuri de tout ce qui se passe et navré de la fuite d’A. Cela va faire un effet déplorable qui n’arrangera pas les affaires de Prouilly. On creuse partout des sapes pour s’y réfugier.

  1. « 3 juin. Bombardement nocturne par avion de l’HOE de Prouilly faisant une vingtaine de victimes. Le fonctionnement de l’HOE de Prouilly est suspendu par ordre du Général commandant l’armée. » JMO de la direction du service de santé de la Ve armée, 26N 38/4 ; NdÉ.