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Dimanche 14 avril

Messe dans la chapelle de l’H O E, aussi laide que possible. Visite avec H. au médecin chef de l’H O E, Malaspina que nous avons connu à Prouilly et à qui le Colonel Segonne nous avait chaudement recommandées. Il nous reçoit très aimablement et nous dit un tas de choses bien agréables pour la vanité ! Le plus pressé est de faire partir les UFF. Julie arrange avec lui toutes ces questions pendant que nous faisons une petite promenade dans l’H O E. Il est bien petit, et, au contraire de la 5e armée, rien n’est fait pour le coup d’œil et l’élégance. Tout paraît plutôt laid.

Visite au château Viellard[1] ; nous retrouvons Mlle Roch, longue causerie sur le passé et l’avenir… Un tas d’infirmières inutiles dont Mlle Livet ; cela me rappelle le Pré St Gervais.

Longue correspondance.

Arrivée des Dlles Viarmé, quelconques. On n’a pas encore retrouvé ma valise. Quel ennui.

Au dîner, on nous regarde avec moins de férocité, cela commence à se tasser, et nous sommes fort aimables.

Le soir, j’écris à Mme Genest pour demander au colonel H. d’agir

  1. [1] ; Le château sert d’hôpital pendant la guerre de 1914-1918 appelé aussi ambulance de Morvillars. Il abrite une soixantaine de lits et est fortement équipé pour l’urgence chirurgicale. Il dépend de l’hôpital militaire de Belfort. Vers la fin de la guerre, l’ensemble constitué du château de Morvillars, du séminaire de Bourogne et du dépôt d’éclopés de la tuilerie (c’était le terme employé) de Froidefontaine est rebaptisé HOE 54 B. Le cimetière militaire de Morvillars compte 170 tombes de soldats tués sur le front alsacien et décédés à l’hôpital militaire du château Armand Viellard. Du 24 août au 7 septembre 1944, le maréchal Philippe Pétain séjourne au château Louis Viellard. Ce dernier est au maquis sous le nom de capitaine Félix. Lorsque Pétain arrive à Morvillars, Louise Viellard (1885-1956) épouse de Louis Viellard lui révèle son appartenance à la Résistance. Ainsi, des soldats anglais ont été hébergés au château avant de passer en Suisse avec l’aide de Louise Viellard et à la complicité des sœurs de l’orphelinat de Delle. Philippe Pétain quitte Morvillars le 7 septembre 1944, à 5 h du matin, déporté par les Allemands au château de Sigmaringen en Allemagne ; NdÉ.