Page:Affaire des déportés de la Martinique, 1824.djvu/189

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il y aurait unanimité d’opinions sur l’illégalité de la déportation, et sur l’innocence entière des malheureux qui ont placé toute leur confiance dans la justice du Roi et de son Gouvernement.

Oui, nous en avons la certitude, si V. Exc. connaissait comme nous-mêmes tout ce qui s’est passé, elle témoignerait sa juste indignation contre les auteurs de la persécution dirigée contre ceux dont nous avons entrepris la défense.

Nous en avons pour garant, ces paroles mémorables échappées du cœur de V. Exc., à la seule idée que le fils aurait été déporté pour son père, et le frère pour son frère.

Vous avez nié ces horreurs, et la Chambre entière a paru se soulever lorsqu’elle en a entendu le récit.

Eh bien ! elles ne sont que trop vraies ; la vérité même passe toute croyance.

Il est incontestable que M. Germain-Saint-Aude, fils, qui figure parmi les trente-cinq déportés dirigés vers le Sénégal, a été arrêté, arraché à sa famille et à ses foyers, pour être embarqué sur un bâtiment du Roi, le jour même où on lui apprenait que son malheureux père, vieillard plus que sexagénaire, compris dans la première déportation du 23 décembre, s’était précipité la nuit dans les flots.

Ce n’est pas tout : M. Rose-Ambroise, propriétaire à la Basse-Pointe, était à peine déporté, que son fils aîné l’a remplacé dans les prisons.

M. Jacques Cadet, riche propriétaire, apprenant qu’il allait partir, fait appeler son jeune fils ; pendant ce temps, l’atelier est envahi ; le fils rend plainte devant le procureur du Roi ; pour toute réponse il est arrêté lui-même.

M. Procope père a été déporté pour les colonies étrangères avec ses trois fils.

On a douté si le frère avait été arrêté pour le frère ; cela n’est encore que trop vrai ! M. Sidney Descasse, instruit que des ordres avaient été donnés pour l’ar-