Page:Affaire des déportés de la Martinique, 1824.djvu/46

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gouverneur, d’agréer le dévoûment à toute épreuve pour votre personne, et le respectueux attachement avec lequel ils sont et seront toujours

« de Votre Excellence, les très-humbles, etc. »

Qui le croirait ? qu’un pareil acte de dévoûment n’a pas été sans influence dans la condamnation prononcée le 12 janvier 1824, et que c’est un des griefs allégués contre plusieurs, d’avoir eu cette pièce parmi leurs papiers, ou d’en avoir été les rédacteurs ou distributeurs.

Ce n’estl pas la seule occasion où les hommes de couleur aient montré leur attachement à la mère-patrie ; on ne les a jamais vus donner le lâche conseil d’ouvrir la colonie aux Anglais. Et cependant déshérités des avantages sociaux, quoiqu’ils supportent toutes les charges publiques, réduits à un état de dégradation légale, fait pour révolter les cœurs les plus indifférens, ils n’ont pas cherché à émigrer dans les îles, ou sur le continent voisin, qui leur tendent les bras, et qui s’enrichiraient de leur industrie et de leur fortune ; tant l’amour de la patrie est fort dans ces âmes que l’on peint comme dégradées ; tant ils ont d’attachement pour le sol qui les a vus naître, et où ils ont placé toutes leurs affections de famille et de fortune.

Les gouverneurs des diverses colonies savent qu’il n’y a pas de sujets plus dévoués et plus fidèles que les hommes de couleur[1].

Il était nécessaire d’entrer dans ces développemens avant d’arriver à l’exposé du malheureux événement qui force les supplians de recourir à la justice de V. M. ; autrement on n’aurait pas eu la clef de la prétendue conspiration dénoncée par les créoles, et le conseil de V. M. ne serait pas péné-

  1. Tous les écrivains, et notamment M. le colonel Boyer de Peyreleau, en déposent.