Page:Affaire des déportés de la Martinique, 1824.djvu/57

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ceux de la colonie, désignaient ironiquement MM. Thébia et Eriché comme les députés des hommes de couleur.

La descente de justice se fit chez M. Bissette, négociant au Fort-Royal. Ce propriétaire avait, aux yeux des créoles, le tort irrémissible d’avoir été rédacteur de plusieurs pétitions adressées par les hommes de couleur à M. le gouverneur de la colonie, à S. Exc. le ministre de la marine, et d’un projet d’adresse à V. M.

Il était aussi rédacteur de l’adresse faite au sujet de la guerre d’Espagne, à la date du 15 mai 1823.

C’en était assez, sans doute, pour être dénoncé comme chef de la prétendue conspiration.

On trouva chez lui deux exemplaires seulement de la brochure.

Cela suffirait pour prouver qu’il n’en était pas le dépositaire, ni le colporteur ; les poursuites n’en furent pas moins continuées. Le 13, il fut cité à comparaître devant le tribunal de première instance, et depuis il n’a plus revu son domicile ; cependant il ne fut décrété de prise de corps que le 27 mars ; la signification fut antidatée et reportée au 16, afin de pallier une incarcération illégale de plusieurs semaines.

Parmi les pièces saisies chez Bissette se trouve un projet d’adresse à la Chambre des députés, de la main de M. Fabien fils, son ami, propriétaire et négociant au Fort-Royal, et copie d’une lettre adressée au procureur du roi prise sur l’original qui aurait été, dit-on, décacheté[1].

Il n’en fallait pas davantage pour faire comprendre Fabien dans la poursuite criminelle. Il fut arrêté le 22 et interrogé.

Enfin, parmi les papiers de Bissette se trouvait une

  1. Le dénonciateur unique de ce fait, Joseph Anois, reçut un démenti public de son fils (Eudoxis), et il a été depuis arreté.