Page:Affaire des déportés de la Martinique, 1824.djvu/62

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supplie V. M. de rappeler les ordonnances de ses augustes prédécesseurs, à l’exécution qu’il était du devoir des autorités locales de maintenir ; de faire disparaître les réglemens locaux, qui y sont contraires, et que le gouvernement a ignorés. On demande des améliorations et des institutions ; mais on les attend de la bienfaisance et de la haute sagesse de V. M. Ce n’est pas en menaçant de s’insurger ou de réclamer, les armes à la main, comme le font les Créoles ; c’est, au contraire, en supplians, que l’auteur de la brochure amène les hommes de couleur au pied du trône.

Un langage si humble et si décent ne serait pas blâmé à Constantinople, devant le trône de sa hautesse, et les Colons y voient un indice de conspiration. Depuis quel temps la plainte n’est-elle plus donc permise à l’opprimé ! la plainte, cette dernière consolation des malheureux ! Cette brochure est l’œuvre d’un bon citoyen, d’un sujet fidèle, et même d’un véritable ami des Colons blancs. Elle n’est que l’écho des vœux désintéressés émis par plusieurs d’entre eux, et consignés dans plusieurs ouvrages ; elle n’est que l’expression des intérêts véritables des Créoles et de leurs enfans.

Vous tous, créoles de bonne foi, qui voulez la justice, l’humanité, le triomphe de l’ordre, la sécurité pour vous, pour votre postérité et pour vos propriétés, écoutez la voix de vos consciences ; consultez l’histoire du passé ; abjurez un malheureux préjugé qui fait votre malheur, et qui, vous tenant dans un état perpétuel d’hostilité avec la classe des hommes de couleur, paralysez les bienfaisantes intentions du monarque législateur, et des bons Français qui administrent sous son autorité. Prenez garde de lasser leur patience, de les révolter par vos injustices, et qu’ils ne vous retirent une protection dont vous vous montrez si peu dignes.

Songez que le monarque, image vivante de l’Être-