Page:Affaire des déportés de la Martinique, 1824.djvu/66

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

citoyens irréprochables, et le leur ont plusieurs fois exprimé.

Quoique frappés par un ordre qu’ils présument être revêtu de sa signature, les supplians ne l’accusent pas ; ils savent que M. le gouverneur est convaincu de leur innocence.

L’ordre de déportation a été délibéré et arrêté dans un conseil de gouvernement, véritable comité colonial, dévoué à ceux qui ont dénoncé cette fausse conspiration.

Tout annonce que, quand M. le gouverneur eut connaissance de la marche que prenait cette affaire devant les tribunaux, et de l’animosité avec laquelle on poursuivait ceux dans les mains de qui on avait saisi la fatale brochure, il crut devoir céder ; et, pour éviter de plus grands malheurs, faire embarquer les personnes qui pouvaient se trouver compromises.

En effet, dès le 23 décembre, à trois heures du matin, douze hommes de couleur, les principaux négocians du Fort-Royal, MM. Joseph Eriché, Mont-Louis Thébia, Joseph Millet[1], Armand, Hilaire Laborde, Germain Saint-Aude, Dufond, Étienne Pascal, Angel, Joseph Verdet, Montganier, et Édouard Nouillé, furent arrêtés dans leur domicile à neuf heures du matin ; ils furent transférés du fort à bord de la goélette la Béarnaise, mouillée dans la rade.

Pour mettre V. M. à portée de juger comme ils sont ennemis de l’ordre et de la mère-patrie, il suffira de dire que le feu s’étant déclaré à bord de la

  1. M. Millet était chargé de recevoir, par procuration, une somme de 20, 000 fr. du substitut du procureur du roi de Saint-Pierre de Martinique, M. B. C. — Celui-ci l’avait touchée et la gardait depuis plus de vingt ans. — On ne parvint au paiement qu’après des menaces de le faire poursuivre. M. Millet avait aussi donné commission à l’infortuné Bissette de recouvrer 5, 000 fr. dûs par billet sur un avoué au Fort-Royal. Des poursuites avaient été commencées. Inde mali labes !