Page:Affaire des déportés de la Martinique, 1824.djvu/99

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époque de douloureuse mémoire… Le 14 octobre 1822, au même moment que parvient au Fort-Royal la nouvelle de l’événement du Carbet, ma pauvre mère expirait dans mes bras ; je recueillais ses derniers soupirs… Le coup terrible qui venait de me frapper si cruellement était un puissant motif qui dût m’exempter de cette campagne, vu encore que la classe des créoles, qui était la victime de cette révolte, ne marchait pas. Cependant ces considérations ne m’arrêtèrent point. À peine avais-je rempli les derniers devoirs de fils ; à peine, dis-je, avais-je pleuré cette mère qui venait de quitter ce monde, et se séparer pour toujours d’un fils qu’elle affectionnait et qu’elle chérissait tendrement, que je volai aussitôt au Carbet pour partager avec mes amis les dangers et les fatigues de cette cruelle campagne. Je fus placé à l’avant-poste du camp Ganat (M. Ganat fut le premier habitant blanc du Carbet qui fut massacré ; ce poste n’était pas le moins exposé), et ce ne fut qu’à mon retour du Carbet que je fis achever les cérémonies et les dernières prières pour cette mère chérie.

Ayant rempli les devoirs que je devais à mon pays, comme citoyen, comme propriétaire et comme sujet fidèle du Roi, je n’ai point cru devoir m’en faire un mérite dans ma défense, ni même rappeler cette circonstance dans les notes et mémoires que j’ai fournis pour ma justification : cette particularité était assez connue à Fort-Royal, lieu de mon domicile. Si je me permets d’en parler aujourd’hui, c’est moins pour en faire parade que pour autre chose ; mon unique but est de certifier la vérité de ce que vous dites de moi à ce sujet dans votre brillant mémoire.

N° XIII. Note sur la Législation coloniale extraite des Recueils officiels.

12 août 1658, arrêt du conseil supérieur de la Martinique, qui condamne le livre de Machiavel à être brûlé par la main du bourreau.

16 juin 1664, arrêt du même conseil, sur une impiété, qui condamne un enfant en bas âge, trouvé avec un livre d’exemple contenant des vers contre la religion, à douze coups de fouet ; sa mère, à faire amende honorable, et son précepteur, à être jugé.

5 octobre 1665, arrêt du conseil qui, sur la plainte du gouverneur, chasse Picherman de l’île pour sa désobéissance.

20 octobre 1670, arrêt du même conseil, qui condamne un nègre à avoir la jambe coupée, pour être ensuite attachée à la potence, pour avoir tué un bourriquet.